vendredi 25 mars 2016

La réalité augmentée de Marc Dugain

On nous cache tout, on ne nous dit rien… Bienvenue aux intoxiqués des théories du complot, refusant les versions officielles et de la presse complice, forcément complice. Grâce à des fouineurs moins soucieux de lisser l’information, la vérité éclate à leurs yeux rivés sur des écrans dénonçant les responsables. Au choix, et selon les cas, les Illuminati, les Francs-Maçons, les Juifs, les Américains, tel ou tel service de renseignements…
Oui, on se moque un peu. Mais un peu seulement. Car, manipulation contre manipulation, la réécriture des faits est une source intarissable pour les romanciers capables d’aller plus loin que le noir et blanc. Marc Dugain est un maître en matière de démystification. Parce qu’il nous mystifie…
Il ne fait pas l’économie du réel. Et il l’envisage sous des angles inédits. On n’en a pas fini, d’ailleurs, avec L’emprise, trilogie dont l’ouverture portait ce titre et le volume central, qui ressort au format de poche, Quinquennat. Le dernier volet vient de paraître : Ultime partie. dans la perspective globale d'un semblant de conclusion. C’est en tissant très serré que le romancier fait le nid d’une fiction censée révéler les dessous de la vie politique française.
On cherchait, dans le volet initial, le centre du pouvoir. On ne le trouvait pas, puisque de nombreux pans de la société exerçaient des pressions en sens divers pour en acquérir une partie, au mieux de leurs intérêts. La sphère économique étant, dans les faits, une des plus actives sur le terrain de l’influence. Launay, favori de l’élection présidentielle et élu pour un Quinquennat, a promis à son principal adversaire, Lubiak, de lui laisser la place après un mandat. Si les électeurs le veulent bien, évidemment. Encore les électeurs ne sont-ils ici que des acteurs secondaires.
Car les services secrets américains possèdent une force qui échappe au peuple et grâce à laquelle ils sont capables de peser sur le nouveau président. A moins que celui-ci parvienne à se débarrasser de leur « emprise », ce qui suppose de répondre à des coups tordus par d’autres encore plus tordus…
Marc Dugain utilise les théories du complot en romancier plutôt qu’en agitateur de peurs stériles.

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